Luc Bouchareu Aïkido
Bordeaux/Paris et l'Aïkido.
« J’ai fait Bordeaux-Paris à vélo ! » …en véhicule accompagnateur !
Prendre la route, traverser une belle partie de la France, se lever tôt, rouler toute la journée et une partie de la nuit, voilà pour le plaisir mais avec les kilomètres viennent douleurs, crampes, fringale, coups de fatigue… tout ça avec le sourire, la joie de l’effort partagé. 400 participants, 620 kilomètres, plus de 30 h sur la selle ! Quel exemple de courage, d’opiniâtreté ! Bien sûr les paysages rencontrés, la solidarité dans l’effort, les pauses aux points de ravitaillement. Et puis on peut boire quand on veut, manger…
Mais les crampes, la selle, le dénivelé, le mal aux mains, aux poignets, aux épaules, aux genoux. Et par-dessus tout ça le vent, la pluie, le soleil dans les yeux…
La joie de la réussite fait oublier les douleurs, embellit les épreuves. Un grand coup de chapeau à tous ces coureurs de tous âges.
Mais où vais-je en venir ? On s’en doute peut-être… Ma vie, celle de nombreux camarades, amis c’est l’Aïkido. Qu’a donc à voir ce Bordeaux-Paris ? Justement, beaucoup !
Ces week-ends de mois de juin, ce sont les passages de grades qui sont organisés et la grande messe des 4èmes dan est ordonnée à Paris.
Nous qui pratiquons un art martial pourquoi ne pas prendre exemple sur ces guerriers de la route ?
Peut-on faire des parallèles entre nos examens et leur défi ?
Combien de pratiquants allons-nous voir essoufflés dès les deux premières minutes ? Combien vont se plaindre de maux (mots) divers avant le passage : mal au genou, mal au poignet, à l’épaule... ? Combien de passeports présentant les 3 seuls stages obligatoires pour l’année allons-nous recevoir ? Combien de candidats à qui l’on avait conseillé lors de leur précédent passage d’attendre de mûrir avant le prochain ?
Deux entraînements par semaine, trois stages par an, des délais impeccablement respectés entre chaque grade, voilà la moyenne actuelle des candidats.
Bien sûr, tout n’est pas aussi sombre et on assiste à de belles démonstrations pleines de vie et de générosité.
Le passage de grade est une épreuve, la seule qu’organise notre discipline hormis quelques démonstrations. Le fait que nous soyons deux fédérations à juger les candidats est une source de stress mais nous pratiquons un art martial. Bien sûr, c’est l’instant qui prime dans un conflit, pas le temps mais la première condition qui doit primer est l’adaptabilité aux évènements, le stress devenant positif et non inhibiteur.
Et le jury dans ces moments uniques de bilan des acquis ? C’est, je crois, sur des critères bien précis que doivent être jugés les candidats. Sans ces critères précis qui sommes-nous pour juger les candidats ? Qui sont-ils dans leur vie ? Quelles sont leurs responsabilités, leur place dans la société ? Aucun ne mérite de remarques à l’emporte pièce sur leur préparation, leur niveau... Certains retours sont en effet à la limite de la politesse et la condescendance est parfois à la limite de la pitié.
Maître Tamura, quelque soit le grade présenté, proposait la même interrogation. Connue, celle-ci mettait le candidat à l’abri de toute surprise, l’amenait à s’exprimer au mieux. Son attitude durant le passage alliait force et respect des candidats. Ses jugements toujours très précis ne nécessitaient ni grandes phrases ni contestations.
Des candidats prêts physiquement et techniquement, des jurys attentifs, respectueux et capables de recul ! Ce n’est pas une utopie. Certains font bien Bordeaux-Paris à vélo !