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Formation continue. 

 

 

« Une once de pratique vaut mieux qu’une tonne de théorie Â».

Débuter un texte par cette formule d’Evelyn de Smedt peut permettre de clore toute discussion autour de la formation. Heureusement pour le scripteur, ou malheureusement pour le lecteur, une seule formule ne peut résumer la formation.

        

         Sur les conseils d’un ami boxeur et occasionnel pratiquant d’aïkido, je me suis lancé dans la lecture d’un ouvrage de Jérôme Beauchez « L’empreinte des poings Â» aux éditions Ehess. Il s’agit d’une enquête ethnographique autour d’un club de boxe d’une ville du nord-est de la France.

Le sparring-partner, combat d’entraînement organisé dans la salle, a particulièrement retenu mon attention et j’y ai vu de beaux parallèles avec nos randoris, nos entraînements, mais surtout avec ce que l’on peut amener dans les échanges oraux et physiques dans le cadre de la formation.

 

         D’après l’auteur, cinq grands principes seraient fondateurs d’une séance de sparring-partner :

 

- faire honneur à l’adversaire : pas de condescendance, pas de mépris,

- ne pas détruire les résistances de l’autre mais bâtir avec lui la possibilité d’une pédagogie agoniste mutuellement consentie et préservée,

 - instaurer entre les participants un « ordre négocié Â». Une gestion partagée de l’affrontement doit permettre à chacun de renforcer ses techniques du corps, d’accroître la maîtrise de ses émotions,

- un boxeur dont la maîtrise du combat est supérieure à celle de son adversaire ne doit jamais brutalement exercer une domination mais permettre à son vis-à-vis de remiser de façon contrôlée,

 - faire face et toujours s’efforcer de résister à l’adversité, et au-delà de l’apprentissage de principes pratiques, agir en profondeur sur soi au travers de l’autre.

 

 

         Ces cinq grands principes ne rappellent-ils pas les grandes règles du Keïko ?

 

Du ring à notre tatami, on trouve donc quelques similitudes.

Monter sur un tatami comme monter sur un champ de bataille, accomplir tout acte consciemment, avec vigilance étaient les premiers fondements posés par Maître Tamura, de la marche vers le kamisa au premier contact avec l’autre.

 

On retrouve ensuite les cinq principes énoncés :

 

- bâtir avec l’autre, quelque soit son niveau, sans morgue,

- construire la technique à deux non dans la complaisance mais dans le respect des principes,

- donner le maximum de soi-même pour les autres et pour soi-même,

- trouver et accepter sa place,

- répéter inlassablement.

 

         La force collective édifiée dans le dojo par le respect de ces règles bénéficie alors à chacun et constitue le creuset du progrès pour chacun. Cela m’amène à croire dans la force du collectif comme source de perfectionnement de chaque individualité.

« Si je ne lâche pas, tu ne lâches pas». Cette coopération, cette solidarité des corps doit être garante de la qualité du travail.

Dans le cadre du dojo, du club, il est aisé de mettre en place ce type de coopération. Il suffit au professeur de montrer l’exemple, de pratiquer avec ses élèves, effectivement, et pas seulement de démontrer, de circuler, de conseiller. Il s’agit de répéter inlassablement, de garder l’esprit de découverte du débutant.

         Le défi est peut-être différent lors de stages regroupant des publics avertis mais l’esprit doit rester le même. Ce sont alors des contraintes plus importantes qui seront garantes de progrès pour le groupe et pour le responsable.

 

         « Une chose tiède perd sa chaleur en touchant autre chose. Une chose brûlante allume tout ce qu’elle touche Â»  Lanza Del Vasto.

 

 

 

Luc Bouchareu

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